Îles de tempête
ISBN: 9782708707986- Donnez votre avis
Après l'autonomie de l'île de Saint-Domingue obtenue par les Noirs malgré la ségrégation raciale et la répression, Toussaint Louverture fait part à Dessalines de son projet d'union de toutes les classes et de toutes les communautés de couleur.
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Après l'autonomie de l'île de Saint-Domingue obtenue par les Noirs malgré la ségrégation raciale et la répression, Toussaint Louverture fait part à Dessalines de son projet d'union de toutes les classes et de toutes les communautés de couleur. Mais Dessalines rétorque que jamais les Blancs n'accepteraient de s'unir aux Nègres et propose la cassure définitive avec la France en proclamant l'Indépendance de Saint-Domingue. Toussaint Louverture refuse, comme il refusera l'appui financier et militaire de l'Angleterre qui l'incitait à l'Indépendance. Pour bien marquer son attachement à la France, il fait interdire le vaudou, suspecté d'être un foyer de troubles ; seule l'Eglise désormais a droit de cité, avec des prières dites en latin. Toussaint Louverture s'interroge par ailleurs sur le silence de Bonaparte à qui il a déjà envoyé plusieurs messages pour l'assurer de sa loyale collaboration ; serait-il, malgré toutes ses concessions, devenu encombrant ?
Moyse, l'un de ses compagnons de lutte lui reproche de tenir les mêmes propos que les colons d'hier et lui demande de distribuer les terres aux paysans. Toussaint Louverture refuse.
Pendant ce temps, à Paris, Bonaparte s'inquiète de la situation dans l'île et charge le général Leclerc d'aller y rétablir l'ordre.
Devant la menace de Bonaparte, Toussaint décide d'alerter toute l'Europe... Mais les consciences européennes restent sourdes.
La guerre éclate : c'est un désastre pour Saint-Domingue. Toussaint Louverture décide alors d'arrêter le massacre, d'autant que l'on vient de lui apporter un message du général Brunet l'invitant, en des termes plutôt conciliants, à venir discuter de la situation dans l'île. Malgré les appréhensions de ses proches qui flairent un piège, il décide de s'y rendre : “ J'ai confiance en la parole des Français ”... Toussaint Louverture est arrêté par quatre policiers. Sur ordre du général Brunet !
Toussaint Louverture emprisonné au Fort de Joux où il meurt.
Texte de Koffi Kwahulé
Bernard Dadié, de son nom d’origine Koffi Binlin Dadié, est né le 10 janvier 1916 à Assinie au sud de la Côte d’Ivoire. A sept ans, il part vivre dans la plantation d’un oncle à Bingerville puis rejoint son père qui le confie à un instituteur de Dabou, Bernard Sétigui Sangaré, dont il prend le prénom au moment de son baptême en 1925. En juin 1933, il entre à l’École William-Pontyde Gorée, la célèbre pépinière de l’élite africaine de l’époque. C’est là que se révèle sa vocation d’écrivain. On lui confie le rangement de la bibliothèque de l’école, ce qui l’amène à découvrir tous les plus grands auteurs. Il lit également des journaux africains ou venus d’Europe, parfois échangés clandestinement, qui préparent et modèlent son futur engagement politique. En 1936, il est affecté en qualité de commis de l’Administration à la Direction Générale de l’Enseignement de Dakar, puis aux Archives. Son militantisme politique trouve à s’épanouir au sortir de la guerre : il collabore activement à des journaux, en particulier la Communauté, un hebdomadaire qui s’oppose à la Déclaration de Brazzaville et qui appelle à l’Indépendance des pays d’Afrique. Il est à cette époque le Responsable de Presse du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et il fait également partie du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), fondé en 1947 par Félix Houphouët-Boigny, ce qui lui vaut d’être incarcéré par l’administration coloniale, à la suite des émeutes survenues à Grand-Bassam en 1949. Il tient un journal en prison, qu’il publie en 1981. À partir de 1956, Bernard Dadié multiplie les voyages, qui constituent la matière principale de ses romans : Un Nègre à Paris (Présence Africaine, 1959), Patron de New-York (Présence Africaine, 1964), Hommes de tous les continents (Poèmes, Présence Africaine, 1967), La Ville où nul ne meurt (Présence Africaine, 1969). Tous ces livres témoignent d’une extraordinaire attention au monde en même temps que d’une quête d’identité parfois douloureuse, car elle se mène au contact de l’autre ou de l’étranger. Auteur d’une oeuvre particulièrement prolifique, il s’est essayé à tous les genres, le roman, l’essai, la poésie. Il est aussi reconnu pour ses nombreuses pièces de théâtre, comme par exemple Monsieur Thôgô-Ghini, paru chez Présence Africaine en 1970. À la suite de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, Bernard Dadié rejoint l’administration de Félix Houphouët-Boigny et devient chef de cabinet du ministre de l’Éducation nationale. Il occupe la fonction de Ministre de la Culture et de l’Information entre 1977 et 1986. Bernard Dadié s’éteint le 9 mars 2019 à l’âge de 103 ans. S’il est toujours resté à l’écart des auteurs de la Négritude, il en a exprimé l’essence dans des vers restés célèbres :
« Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir
Le blanc est une couleur de circonstance, le noir la couleur de tous les jours.
Et je porte le Monde depuis l’aube des temps
Et mon rire sur le monde, dans la nuit, crée le jour »