- Rupture de stock
Livraison partout dans le monde
Port offert en Europe à partir de 30€
Retrait gratuit à Paris
Paiement sécurisé
Entre les Eaux, de V. Y. Mudimbé, faisait parler Pierre Landu, prêtre africain coincé entre sa vision personnelle du christianisme et une adhésion douloureuse à ce qu’on appelait, dans le Congo d’alors, la rébellion. C’est encore cette période de chocs, remords, traumatisme majeur des consciences zaïroises, qui sert d’arrière-plan à son deuxième roman, Le bel immonde. Mais cette fois, c’est par l’autre camp qu’on participe à la rupture, à travers les subjectivités d’un couple exemplaire, le Ministre et la Putain, dans un Kinshasa très nocturne.
Ces deux êtres « innommables » (tout au long du récit ils seront simplement : Elle, Lui, Je ou Tu, et ce n’est pas une des moindres qualités de l’ouvrage que de rester, dans sa forme elliptique, parfaitement lisible), ces menteurs sincères se fascinent à des vérités partielles et à des miroirs clinquants ou monstrueux. Complexes, ils constituent un envers possible des prostitutions.
S’il y a du mélodrame dans ce livre, c’est que, Mudimbé l’indique, les frontières entre un quotidien corrosif et un tragique dévorant sont décidément bien mal gardées. Avec Le bel immonde se poursuit un inventaire original des passions zaïroises, versant romanesque d’une œuvre qui, de plus en plus clairement, explore un univers de cassures et de contradictions.
Né le 8 décembre 1941 à Likasi (anciennement Jadotville) au Congo belge (aujourd’hui République démocratique du Congo), Valentin-Yves Mudimbe se destine très tôt à la prêtrise ; il fréquente des séminaires jusqu’à faire son noviciat dans un monastère bénédictin. En 1962, il abandonne la voie sacerdotale et s’inscrit à l’université en Belgique. Il est notamment l’élève du philosophe Franz Crahay. En 1970, il obtient un doctorat en lettres et en philosophie à l’Université de Louvain. De retour en Afrique, il enseigne à l’Université nationale du Zaïre. En 1979, comme beaucoup d’intellectuels zaïrois, il s’exile, d’abord en Afrique, en Europe ensuite, puis enfin aux Etats-Unis, où il s’installe durablement. Il devient professeur au Harverford College, à l’université Stanford, et à la Duke University.
Il est l’auteur d’une oeuvre conséquente, d’une rare diversité : à côté de ses recueils de poèmes, il a exprimé sa pensée dans une oeuvre romanesque importante. En 1973, paraît son premier roman, Entre les eaux, chez Présence Africaine, suivi du Bel immonde, en 1976, puis L’écart en 1979, chez le même éditeur. Mais sa pensée s’est surtout illustrée dans un livre majeur, The Invention of Africa, paru en 1988, traduit et republié chez Présence Africaine en 2021. Cet ouvrage indispensable pose la question de la signification d’un savoir à proprement parler africain et pointe les limites du regard occidental dans l’appréhension des réalités africaines.