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Sœur Marie-Gertrude, « Franciscaine africaine de Kolwezi », tient son journal, du 28 mai au 29 juin, dans une période particulièrement dramatique.
Plus proche de Marthe que de Marie – elle n’est pas une version féminine de Pierre Landu –, elle fait le récit d’une désintégration : désintégration de la communauté divisée à propos de la guerre civile, désintégration de sa foi ou, tout au moins, interrogation douloureuse sur sa place au sein de cette communauté. Mais elle assume son destin car elle entend rester fidèle aux vœux prononcés jadis comme à l’exigence de solidarité que représente son travail d’infirmière auprès des malades et des blessés et, au terme de son parcours, elle se retrouve seule face à une mort ignominieuse.
C’est là peut-être l’essentiel. Car ce que paraît ici suggérer V.Y. Mudimbe, c’est qu’il y a toujours, pour chaque individu, une dimension strictement privée dans la religion, y compris quand celle-ci a été importée.
L’héroïne a beau savoir qu’elle est « la petite négresse du groupe » et qu’elle porte le poids d’un « péché collectif », elle n’en affirme pas moins son droit à la sincérité et un génie qui lui est propre et qui fait de ce récit écrit avec une exemplaire sobriété le « roman des sans-pouvoir et des saints ».
Né le 8 décembre 1941 à Likasi (anciennement Jadotville) au Congo belge (aujourd’hui République démocratique du Congo), Valentin-Yves Mudimbe se destine très tôt à la prêtrise ; il fréquente des séminaires jusqu’à faire son noviciat dans un monastère bénédictin. En 1962, il abandonne la voie sacerdotale et s’inscrit à l’université en Belgique. Il est notamment l’élève du philosophe Franz Crahay. En 1970, il obtient un doctorat en lettres et en philosophie à l’Université de Louvain. De retour en Afrique, il enseigne à l’Université nationale du Zaïre. En 1979, comme beaucoup d’intellectuels zaïrois, il s’exile, d’abord en Afrique, en Europe ensuite, puis enfin aux Etats-Unis, où il s’installe durablement. Il devient professeur au Harverford College, à l’université Stanford, et à la Duke University.
Il est l’auteur d’une oeuvre conséquente, d’une rare diversité : à côté de ses recueils de poèmes, il a exprimé sa pensée dans une oeuvre romanesque importante. En 1973, paraît son premier roman, Entre les eaux, chez Présence Africaine, suivi du Bel immonde, en 1976, puis L’écart en 1979, chez le même éditeur. Mais sa pensée s’est surtout illustrée dans un livre majeur, The Invention of Africa, paru en 1988, traduit et republié chez Présence Africaine en 2021. Cet ouvrage indispensable pose la question de la signification d’un savoir à proprement parler africain et pointe les limites du regard occidental dans l’appréhension des réalités africaines.