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Birago Diop est passé des Contes aux Mémoires avec une égale gourmandise. A ceux qui s'étonnent qu'il ne se soit pas attardé à l'étape du roman, il répond que les mémoires sont le roman de sa vie. On ne saurait mieux dire. Ce troisième tome, A Rebrousse-Gens, prolonge La Plume Raboutée et A Rebrousse-Temps sans trop leur ressembler. L'Auteur, s'il multiplie les allusions, renseignements propres à éclairer son oeuvre, éprouve une délectation presque égoïste à l'évocation des gens et milieux de son passé! S'il ne fait pas de littérature - du moins délibérément - il joue admirablement sur divers registres du temps sur lequel sa maîtrise reste singulière. Il l'accélère ou l'étale selon le plaisir qu'il attend de la résurrection du passé. Il multiplie, au passage, les repères et références qui enracinent l'œuvre dans son contexte. Le souci de l'Auteur de placer les gens et les faits sous un éclairage nouveau, vrai, légitime le titre. Pour le reste, le doyen des Lettres sénégalaises a donné suffisamment de preuves de ses qualités de conteur et de style...
Birago Diop est né en 1906 au Sénégal. Son père meurt alors qu’il n’a que deux mois et il est élevé par sa mère et ses frères aînés. Il grandit à Ouakam où il va d’abord à l’école coranique avant de suivre les cours de l’école communale française. Après l’obtention de son baccalauréat, il part pour la France, et obtient un diplôme de vétérinaire à Toulouse. En 1933, il est nommé docteur vétrinaire à l’Institut d’études vétérinaires exotiques à Paris et il se met à fréquenter les milieux d’intellectuels noirs, en pleine effervescence dans ces années-là. C’est ainsi qu’il rencontre Senghor, Césaire et Damas, le trio de base du mouvement de la Négritude. Il participe aux réunions du groupe mais il maintient une certaine distance avec eux, en refusant pendant longtemps tout engagement politique. Il retourne ensuite en Afrique, où il exerce le métier de vétérinaire de brousse, au Mali, en Côte d’Ivoire, et dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. C’est à cette époque qu’il recueille des contes de tradition orale auprès de sa mère, de sa grand-mère et surtout du griot Amadou Koumba. Cette rencontre majeure donnera lieu à la publication par les éditions Fasquelle, en 1947, des Contes d’Amadou Koumba (réédités en 1960 par Présence Africaine), puis du recueil Les Nouveaux contes d’Amadou Koumba, publiés en 1958 chez Présence Africaine avec une préface de Senghor. S’il doit son entrée dans la postérité littéraire à ses contes, Birago Diop a commencé par écrire de la poésie. Il s’y est adonné dans sa jeunesse, comme à un exercice, en observant une grande rigueur formelle. Ses poèmes sont réunis dans un recueil, Leurres et lueurs, publiés chez Présence Africaine en 1960. Il contient le poème « Souffles », où figurent les fameux vers :
« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre : Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit, Ils sont dans l’Eau qui coule, Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule : les Morts ne sont pas morts »
À l’indépendance, Birago Diop installe son cabinet de vétérinaire à Dakar. La dernière partie de son oeuvre est consacrée à l’écriture de ses mémoires, qui constituent selon lui le « roman de sa vie », réunis sous différents volumes aux titres volontiers allusifs : La plume raboutée, À rebrousse-gens, ou encore À rebrousse-temps. Il meurt à Dakar le 25 novembre 1989.