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Lorsqu'au XIIIe siècle, Madagascar reçut son nom de l'explorateur vénitien Marco Polo, il est fort probable que ce nom ait été le résultat d'une erreur d'interprétation. ...
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Dans une société lignagère, donc sans Etat, comment et pourquoi s'instaure une organisation des classes d'âges ? Quelle est la nature du pouvoir politique associée à cette organisation ? Quelle place ce pouvoir fait-il aux esclaves, aux femmes, aux étrangers libres ? A quels niveaux s'exerce-t-il ? Quelles sont ses fonctions ? S'agit-il enfin d'un système politique exceptionnel ? L'auteur, Maître-Assistant en sociologie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l'Université d'Abidjan, élucide ces questions sur un cas d'espèce, dans cette étude vieille de dix ans, corrigée et augmentée.
Il révèle une organisation militaire encadrant les jeunes gens libres et esclaves, un pouvoir politique d'essence virile, à idéologie égalitaire, dont la pratique est collective (au niveau de l'ensemble des sept classes d'âge), limitée en durée (8 ou 16 ans) et où est assurée en fait la prééminence des Grands Hommes, adultes regroupés dans une association par un rituel de richesse : angbandji. Du village à la tribu et à la confédération de tribus, les fonctions décroissent en nombre.
Or, avec des variantes locales, ce système politique appartient à la plupart des sociétés situées autour des lagunes de Côte-d'Ivoire, lieu ou depuis le XVIe siècle se sont rencontrés de nombreux peuples et trois courants de l'économie marchande : le mandé, le capitaliste européen et l'akan. Selon l'hypothèse de l'auteur, les classes d'âge, d'origine encore inconnue, auraient diffusé dans cette zone sous l'action de nécessités économiques (accumulation), politique (défense) et idéologique (arts).
Aujourd'hui, ce système mis en place hier pour résoudre les contradictions entre lignages et suppléer à leurs faiblesses se trouve à l'épreuve des contradictions d'une société de classes. Naturellement, la monographie s'est dépassée en une anthropologie politique comparative, sociologique et historique.
Le Professeur Harris Memel-Fotê est un anthropologue né en 1930 à Mopoyem, un village de la sous-préfecture de Dabou au sud de la Côte d'Ivoire. Maître-assistant puis Professeur à l'Université de Côte d'Ivoire, il est connu pour une thèse monumentale sur L'esclavage dans les sociétés lignagères de la forêt ivoirienne, XVIIème-XXème siècle, publiée seulement en 2007. Il a été l'un des membres fondateurs de l`Institut d`ethno-sociologie d'Abidjan. Ancien directeur d'études associé à l`Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, titulaire de la chaire internationale au Collège de France en 1995-1996, membre de l'Académie Universelle des Cultures depuis 1992, Harris Memel-Fotê est à la base de la création de l'Académie des sciences, des cultures, des arts et des diasporas africaines (ASCAD). Au plan politique il est connu comme une figure emblématique et un mentor du Front populaire ivoirien (FPI). Harris Memel-Fotê meurt le 11 mai 2008.