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Éditions La Découverte - Collection Poche
9782707149787
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Longtemps, jusqu'à la fin des années soixante-dix, il fut entendu en France que le développement des pays de l'Afrique " francophone " allait bon train. Et soudain, depuis la deuxième moitié des années quatre-vingt, on annonce partout le désastre : ces pays sont sinistrés, économiquement, financièrement, socialement, politiquement. On appelle cela " l'afro-pessimisme ". La faute aux Africains ? Voire. Pour mieux comprendre, l'auteur a choisi de revenir dans son village natal, au Sud du Cameroun, après plus de trente ans d'exil. Et il fait dans ce livre le récit de ce retour, d'une plume acérée. Un récit concret, passionnant, qui part de la vie quotidienne des femmes et des enfants dans la brousse, se poursuit dans les grandes villes rongées par le chômage et la misère, et se termine par une mise en cause radicale de la corruption des élites tenues à bout de bras par l'État français. Car si l'Afrique francophone implose aujourd'hui, souvent dans le sang et la violence, c'est bien la " coopération française " qui en est principalement responsable : pour maintenir son rêve de grande puissance, la France a soutenu dictateurs et partis uniques et bloqué toute perspective d'une prise en charge autonome de leur propre développement par les populations africaines. Ce sombre constat, pour Mongo Beti, permet pourtant l'espoir : la profonde remise en cause du système français de domination qui se fait aujourd'hui, du Cameroun au Togo, du Congo à la Côte-d'Ivoire, est en effet la condition nécessaire - certes non suffisante - d'une mobilisation des forces vives de l'Afrique francophone.
Alexandre Biyidi Awala, alias Mongo Beti (du nom du groupe ethnique auquel il appartient, les Béti) ou Eza Boto en littérature, est né à Akometam, un village du Cameroun, le 30 juin 1932. Il entre en 1945 au Lycée Leclerc à Yaoundé et obtient son baccalauréat en 1951. Il part ensuite pour la France pour suivre des études supérieures de lettres à Aix-en-Provence puis à La Sorbonne à Paris. Il publie sa première nouvelle, intitulée Sans haine et sans amour, dans la revue Présence Africaine, en 1953. Sa carrière littéraire est lancée : l’année suivante est celle de la publication de son premier roman, Ville cruelle, édité chez Présence Africaine, sous le pseudonyme d’Eza Boto. En 1956, la parution chez le même éditeur de son roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale. Le livre fait une satire particulièrement acerbe du monde missionnaire et colonial, et pose notamment le problème de l’universalité du message chrétien. Mais en dépit des polémiques, l’auteur est salué pour ses qualités littéraires incontestables. Son roman Mission terminée paru en 1957 reçoit le Prix Sainte-Beuve l’année suivante. À la fin des années 1950, il travaille pour la revue anticommuniste Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il est reçu à l’agrégation de lettres classiques en 1966 et enseigne à partir de cette date au Lycée Corneille de Rouen. En 1972, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. En 1978, il lance avec son épouse Odile Tobner la revue bimestrielle Peuples noirs, Peuples africains, qui décrit et dénonce vigoureusement les processus néo-coloniaux. En 1989, il fait paraître son Dictionnaire de la Négritude, co-écrit avec Odile Tobner. En 1991, il rentre au Cameroun, après 32 années d’exil, ce qui donnera lieu à la publication, en 1993, de La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite en tant que professeur, il ouvre à Yaoundé la librairie des Peuples noirs et il supervise des activités agricoles dans son village natal. Il meurt le 7 octobre 2001 à Douala, des suites d’une insuffisance hépatique.