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Éditions La Découverte - Collection Poche
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Mongo Beti, écrivain camerounais, est connu pour ses romans, notamment ceux des années 1950, qui ont joué un rôle important dans la prise de conscience du colonialisme et dans la lutte contre celui-ci.
Publié en 1972 par les Éditions François Maspero, Main basse sur le Cameroun était un réquisitoire contre les crimes du président Ahidjo, dictateur du Cameroun par la grâce du néocolonialisme français. Son but fut largement atteint, semble-t-il, puisque le livre fut interdit, saisi, l’éditeur poursuivi, et l’auteur l’objet de multiples pressions et menaces.
Sa réédition, en 1977, dans une version revue, était encore d’une actualité brûlante à l’heure de l’intervention française au Zaïre. Mongo Beti montre en effet que les anciennes colonies d’Afrique occidentale française et d’Afrique équatoriale française, formellement indépendantes depuis les années 1960, n’en sont pas moins restées étroitement contrôlées par la France.
Trente ans plus tard, ce livre demeure un document historique majeur, indispensable pour comprendre les évolutions ultérieures de la Françafrique.
Alexandre Biyidi Awala, alias Mongo Beti (du nom du groupe ethnique auquel il appartient, les Béti) ou Eza Boto en littérature, est né à Akometam, un village du Cameroun, le 30 juin 1932. Il entre en 1945 au Lycée Leclerc à Yaoundé et obtient son baccalauréat en 1951. Il part ensuite pour la France pour suivre des études supérieures de lettres à Aix-en-Provence puis à La Sorbonne à Paris. Il publie sa première nouvelle, intitulée Sans haine et sans amour, dans la revue Présence Africaine, en 1953. Sa carrière littéraire est lancée : l’année suivante est celle de la publication de son premier roman, Ville cruelle, édité chez Présence Africaine, sous le pseudonyme d’Eza Boto. En 1956, la parution chez le même éditeur de son roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale. Le livre fait une satire particulièrement acerbe du monde missionnaire et colonial, et pose notamment le problème de l’universalité du message chrétien. Mais en dépit des polémiques, l’auteur est salué pour ses qualités littéraires incontestables. Son roman Mission terminée paru en 1957 reçoit le Prix Sainte-Beuve l’année suivante. À la fin des années 1950, il travaille pour la revue anticommuniste Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il est reçu à l’agrégation de lettres classiques en 1966 et enseigne à partir de cette date au Lycée Corneille de Rouen. En 1972, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. En 1978, il lance avec son épouse Odile Tobner la revue bimestrielle Peuples noirs, Peuples africains, qui décrit et dénonce vigoureusement les processus néo-coloniaux. En 1989, il fait paraître son Dictionnaire de la Négritude, co-écrit avec Odile Tobner. En 1991, il rentre au Cameroun, après 32 années d’exil, ce qui donnera lieu à la publication, en 1993, de La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite en tant que professeur, il ouvre à Yaoundé la librairie des Peuples noirs et il supervise des activités agricoles dans son village natal. Il meurt le 7 octobre 2001 à Douala, des suites d’une insuffisance hépatique.