Jeanne Martin Cissé est guinéenne, « fille du Milo », cet affluent du grand fleuve Niger qui irrigue une terre de tradition prestigieuse, proche des racines de l’Empire du Mali. D’une enfance baignant dans le temps de la domination coloniale, la voici projetée, à l’orée de la vie adulte, dans l’aventure de la décolonisation, et bientôt auprès du président Sékou Touré, champion de l’indépendance. C’est un parcours exceptionnel de militance politique à travers le siècle, jusqu’au coup d’État de 1984 où elle connaît la dure répression des putschistes. La voici représentante de la Guinée indépendante aux Nations Unies, première femme appelée à présider le Conseil de Sécurité, avant de reprendre sa place au sein du Bureau politique et du Gouvernement de son pays. Ce témoignage autobiographique important et rare sur l’histoire vécue de la décolonisation éclaire davantage les défis historiques de la conquête de la liberté que les dérives tragiques qui ont suivi. C’est aux historiens que revient la mission délicate et capitale entre toutes de faire apparaître la part d’ombre dans le champ de lumière, mais nul doute que Jeanne Martin Cissé, sortant du silence, doit avoir voix au chapitre, en sa qualité de patriote engagée.