Son beau livre, Crépuscule des temps anciens, chronique plus que roman, qui couvre trois siècles de l'histoire du Bwamu, jusqu'aux débutes de la colonisation, répond à cette exigence. L'auteur y a mis toute sa conscience et tout son coeur, témoignant de cette ojectivité rare qui consiste, lorsqu'il s'agit de hommes, à se mettre sincèrement à l'écoute.
BONI Nazi
Nazi Boni est né le 31/12/1909 à Bwan (province du Mouhoun).
Il fréquente l’école primaire de Dédougou où il obtient le CEPE en 1925, ensuite, il fréquente l’école primaire supérieure de Ouagadougou de 1925 à 1928 (cours secondaire).
De 1928 à 1931, il est élève à l’Ecole Normale William Ponty de Dakar d’où il sort parmi les meilleurs de sa promotion avec le diplôme d’instituteur.
Nommé Directeur d’école, il exerce successivement à Ouagadougou, Aboisso en Côte d’Ivoire, Tenkodogo, Bamako, Bongouanou et Treichville avant d’être promu professeur à Bingerville. Nazi Boni est surtout connu pour son action politique.
A la reconstitution de la Haute-Volta en 1947, il est l’un des leaders de l’Union Voltaïque (UV) parti créé par le Mogho Naaba Saaga qui se donnait pour vocation de rassembler toutes les populations de Haute-Volta.
Sous la bannière de ce parti, Nazi Boni est élu aux élections législatives du 2 juin 1948.
Il représente ainsi la Haute-Volta à l’Assemblée Nationale Française, de 1948 à 1957.
En 1955, il quitte l’Union Voltaïque et crée le Mouvement Populaire Africain (MPA) avec lequel il va aux élections législatives du 2 janvier 1956.
Il est élu et devient alors Président de l’Assemblée Territoriale Voltaïque pour une courte période (5 décembre 1957 – 25 avril 1958).
Le 26 mars 1958, la 2ème conférence convoquée à Dakar en vue du regroupement des partis africains connaît un succès éclatant avec la création du Parti de Regroupement Africain (PRA) : Nazi Boni en est membre fondateur.
Le 05 octobre 1959, avec d'autres personnalités tenues à l'écart du Gouvernement formé le 1er mai 1959, il forme en lieu et place du PRA liquidé par la débâcle électorale du 19 avril 1959, le Parti National Voltaïque (PNV), qui est aussitôt dissous le 07 octobre 1959 comme étant anticonstitutionnel. Il constitue alors le même jour le Parti Républicain de la Liberté (PRL) qui fut dissous à son tour le 06 janvier 1960 à la suite de troubles survenus à Dédougou; le Président Nazi Boni est poursuivi en justice pour reconstitution d'association dissoute .
Il est alors contraint à l’exil, d'abord à Bamako, puis à Dakar auprès de son ami Senghor.
Il rentre au pays après la chute du Président Maurice YAMEOGO le 03 janvier 1966 et fonde un des tout premiers établissements d’enseignement privé laïc en Haute-Volta : le Collège de l’Avenir à Bobo-Dioulasso.
Avec d’autres compatriotes, il crée en décembre 1966 à Ouagadougou, le cercle d’activités littéraires et artistiques de Haute-Volta (CALAHV).
La carrière littéraire de Nazi BONI commence en exil par la publication, en 1962, du « Crépuscule des temps anciens ».
Le « Crépuscule des temps anciens » est la chronique du Bwamu, le pays de l’auteur. Il faut noter que l’œuvre tient à la fois du livre didactique, à la limite de l’étude ethnographique de l’épopée, du roman poétique et du roman d’amour.
Mais dans sa totalité, c’est la vie d’un peuple que l’auteur restitue avec une sincérité et une ferveur qui lui ont permis d’écrire quelques-unes des pages les plus émouvantes de toute la littérature négro-africaine.
« Crépuscule des temps anciens » est un livre réussi qui a tout pour devenir un classique du genre au même titre que « Thing fall appart » de Chinua ACHEBE. En écrivant ce livre, Nazi BONI a servi avec éclat la cause de l’Afrique et aussi celle de l’humanité. Aux œuvres littéraires proprement dites, il convient d’ajouter les nombreux articles publiés par la presse africaine sur les thèmes engagés tels que démocratie, décolonisation, indépendance, unité africaine, civisme…
Nazi BONI, l’homme à la redoutable dialectique, abhorre paradoxalement les polémiques stériles. Et quand un adversaire l’y oblige, il l’assomme en quelques coups de sa plume acerbe.
Il meurt dans un accident de la circulation le 16 mai 1969 à Sakoïnsé sur l’axe routier Ouagadougou-Bobo-Dioulasso, alors qu'il venait animer à Ouagadougou une conférence du CALAHV. Il demeure un des pères fondateurs de la littérature burkinabé, avec son roman "Crépuscule des temps anciens", première œuvre littéraire burkinabée.
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