Dans ce premier roman publié sous le pseudonyme d'Eza Boto, le lecteur découvrira, tracés avec une force qui s'accomplira exemplairement dans les œuvres postérieures, fort célèbres, de Mongo Béti, les drames d'une Afrique dominée, ceux qui opposent les humbles, les simples, les paysans, aux différents types d'exploiteurs du monde politique, économique et religieux.
BOTO Eza
Alexandre Biyidi Awala, alias Mongo Beti (du nom du groupe ethnique auquel il appartient, les Béti) ou Eza Boto en littérature, est né à Akometam, un village du Cameroun, le 30 juin 1932. Il entre en 1945 au Lycée Leclerc à Yaoundé et obtient son baccalauréat en 1951. Il part ensuite pour la France pour suivre des études supérieures de lettres à Aix-en-Provence puis à La Sorbonne à Paris. Il publie sa première nouvelle, intitulée Sans haine et sans amour, dans la revue Présence Africaine, en 1953. Sa carrière littéraire est lancée : l’année suivante est celle de la publication de son premier roman, Ville cruelle, édité chez Présence Africaine, sous le pseudonyme d’Eza Boto. En 1956, la parution chez le même éditeur de son roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale. Le livre fait une satire particulièrement acerbe du monde missionnaire et colonial, et pose notamment le problème de l’universalité du message chrétien. Mais en dépit des polémiques, l’auteur est salué pour ses qualités littéraires incontestables. Son roman Mission terminée paru en 1957 reçoit le Prix Sainte-Beuve l’année suivante. À la fin des années 1950, il travaille pour la revue anticommuniste Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il est reçu à l’agrégation de lettres classiques en 1966 et enseigne à partir de cette date au Lycée Corneille de Rouen. En 1972, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. En 1978, il lance avec son épouse Odile Tobner la revue bimestrielle Peuples noirs, Peuples africains, qui décrit et dénonce vigoureusement les processus néo-coloniaux. En 1989, il fait paraître son Dictionnaire de la Négritude, co-écrit avec Odile Tobner. En 1991, il rentre au Cameroun, après 32 années d’exil, ce qui donnera lieu à la publication, en 1993, de La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994, il prend sa retraite en tant que professeur, il ouvre à Yaoundé la librairie des Peuples noirs et il supervise des activités agricoles dans son village natal. Il meurt le 7 octobre 2001 à Douala, des suites d’une insuffisance hépatique.
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