Marronnage - L'art de briser ses chaînes WIELS Geneviève - MOUZARD Thomas (AE)

Marronage - L'art de briser ses chaînes Zoom

Éditions Loco - Maison de l'Amérique latine

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Dans tous les pays où les bateaux négriers les ont transportés de force, les personnes réduites en esclavage ont pris la fuite. Elles sont appelées esclaves « marrons », on dit qu’elles sont parties en marronnage. En Guyane hollandaise (Suriname) des esclaves s’enfuient en grand nombre, protégés par l’immense forêt amazonienne toute proche où ils forment des sociétés.
L’art de briser ses chaînes est l’histoire peu connue du marronnage. Ces sociétés marronnes ont d’abord dû défendre leur liberté, se construire sur ce qui restait de leurs cultures africaines puis se développer et, la paix revenue (autour de 1860), exprimer dans l’art leur sens du beau : le moy. Sous les doigts de l’artiste, les objets du quotidien deviennent alors des œuvres d’art fabriquées pour soi ou offertes à l’autre, en particulier à la femme ou l’homme aimé. Marronnage, l’art de briser ses chaînes, c’est aussi le tembe, l’art des Marrons : sculpture, gravure, broderie, peinture.
Auprès de sculptures et d’objets du siècle dernier (dont la plupart proviennent du musée du Quai-Branly), sont présentés les travaux d’artistes contemporains, mettant ainsi en valeur pour la première fois la continuité artistique de l’art marron. Le lecteur découvre les œuvres de précurseurs du tembe sur toile tels Antoine Lamoraille et Antoine Dinguiou, les tableaux et sculptures de leurs cadets Carlos Adaoudé et Francky Amete. Les créations originales de peintres à la renommée internationale tels John Li A Fo et Marcel Pinas, abordant histoire, culture ou tembe, questionnent le devenir et la place de cet art.
Les scientifiques du siècle dernier ont aussi ramené des photographies, dont la dimension artistique nous apparaît pleinement au-delà de leur valeur documentaire. Donnant à voir un même sujet collectif à quelques générations d’intervalles, les œuvres de photographes actuels tels Gerno Odang, Ramon Ngwete, Nicola Lo Calzo entrent alors ici en dialogue avec celles des ethnologues Jean-Marcel Hurault et Pierre Verger. Pour comprendre ces peuples, issus du refus du sort qu’on leur avait réservé, la parole sera donnée aux témoins, ceux du temps de l’esclavage et les témoins d’aujourd’hui.

Préface de Christiane Taubira

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